
Dans le milieu indépendant, la question des tarifs est souvent un sujet un peu tabou. Beaucoup se demandent comment les indépendants, surtout ceux qui proposent des prestations dématérialisées comme les graphistes et les traducteurs, calculent leurs prix. Dans cette capsule nous allons voir comment les tarifs sont loin d’être « tirés du chapeau », mais correspondent à une réalité raisonnée.
Pour établir le tarif de ses prestations, l’indépendant effectue un calcul qui permet de déterminer son tarif horaire et son tarif par prestation. Admettons que vous venez de vous installer en indépendant. Voici les questions que vous allez vous poser en fonction de votre statut fiscal et juridique : une fois que j’ai payé l’ensemble de mes charges (sociales, fiscales, fonctionnement et investissement), combien doit-il me rester pour que je puisse vivre correctement de mon activité. Il s’agit de déterminer son salaire net après impôts, charges et investissement. Si l’on est trop gourmand dès le départ, il sera très difficile de trouver ses premiers clients. En revanche, si l’on établit des prix trop bas, il sera plus facile de trouver des clients, mais il sera plus difficile de faire passer une augmentation de tarif. Il convient donc de trouver, dès le départ, le juste milieu, de façon à se trouver dans la fourchette moyenne de son marché. À partir de là, il sera facile de calculer le prix de revient de ses prestations.
Pour calculer son prix de revient, il vaut mieux se baser sur une année complète, de façon à pouvoir prendre en compte ses éventuels congés. De toute façon, à moins d’être d’une résistance à toute épreuve, on ne travaille pas 365 jours par an. Ci-dessous, je donne un exemple qui donne une idée de la manière de procéder.
Si on ne travaille pas les weekends, on ne travaillera que 20 jours par mois et environ 6 à 8 heures par jour. Comme je l’ai précisé dans la capsule précédente, dans ces 6 à 8 heures, il y aura du travail qui ne sera pas rémunéré, ce qui nous met à environ 4 à 6 heures de travail conduisant à rémunération, donc 16 à 24 heures de travail rémunéré par semaine. Sachant qu’avec les jours fériés et quelques vacances, on arrive non pas à 52 semaines, mais plutôt à 48 semaines travaillées, à raison de 16 à 24 heures par semaine, on arrive à un total de 768 à 1152 heures travaillées par an.
Pour établir son tarif horaire, il faudra donc déduire de la rémunération apportée par ces heures ramenées sur un an : les charges sociales et fiscales qui dépendent du statut, les frais de fonctionnement (papier, encre d’imprimante, chauffage, électricité, transports pro, connexion Internet, abonnement fixe et portable, etc.), l’investissement (ordinateur, logiciel, formation, etc.) réparti sur un certain laps de temps. Ce qui restera sera le salaire net annuel que l’on pourra se verser sur un an. Si le chiffre obtenu vous convient, vous avez alors votre tarif horaire. Dans le cas contraire, il faudra ajuster les variables (sachant que pour ce qui concerne les charges sociales et fiscales, cela dépendra aussi du statut). On pourra ensuite, si besoin, en déduire les tarifs des prestations.
Il existe un certain nombre d’aides au démarrage pour les très petites entreprises et en fonction du statut, il est toujours possible de se rapprocher de professionnels qui sauront conseiller l’entrepreneur débutant. L’essentiel est d’avoir une politique tarifaire cohérente avec le marché sur lequel on évolue, mais qui permette de vivre décemment de son activité. Vous voulez démarrer une entreprise, prenez une calculette, une feuille de papier… et faites vos comptes !